Le Four Banal
Centre Ancien
Cette rue du Plo s’appelait autrefois (depuis au moins 1658) la rue du Malbec, qu’il ne faut sans doute pas rapporter au cépage des vins de Cahors qui n’est pas aujourd’hui représenté dans la région. Peut-être doit-on plutôt y voir un nom de personne assez péjoratif (« qui a un mauvais bec »).
Faisons quelques pas en remontant cette rue vers le nord. Après le n° 19, sur la droite, s’ouvre une ruelle étroite autrefois appelée rue non passante du four (ou également andronne du four (androna en occitan signifie ruelle)). Cette rue conduisait au four à pain, four banal propriété de l’archevêque de Narbonne qui en tirait de substantiels revenus.
Le four a disparu dans le réaménagement des maisons de la rue. Il occupait la partie gauche au fond de cette impasse. On peut voir l’arrière de la parcelle où il était implanté au niveau du parking aménagé sur la place du marché.
juste en face de la rue non passante du four s’ouvre un autre passage. Cette rue aveugle s’appelait autrefois impasse du Tamaris (actuellement impasse du Plo). Comme les autres ruelles qui débouchent sur ce coté de la rue du Malbec (une autre est située un peu plus haut à la hauteur du n° 9), elle permettait d’accéder à des parcelles adossées au rempart, les façades actuelles sur la rue de la cave étant alors aveugles.
Remontons vers le nord cette rue du Malbec.
La maison au n° 24, un peu au dessus de l’angle de la rue du Malbec et de l’impasse du Plo, nous permet d’imaginer l’aspect extérieur des maisons du Plo avant la reconstruction des façades. Construite sur une travée et demie, elle disposait d’une pièce (un petit magasin ?) au rez-de-chaussée, d’un logis à l’étage et d’un grenier ouvrant sur une fenêtre unique. La maison du n° 11 (plus haut) adopte le même plan.
Si nous remontons encore, nous nous trouvons alors devant un porche, sur une placette dénommée le Plo del Pade. Ce nom est énigmatique. Toutefois, comme nous l’avons dit, Plo signifie Plan en occitan et lo pade est signalé dans le dictionnaire d’Alibert comme pouvant désigner un chêne, en particulier dans la région de Béziers. Y aurait-il eu un chêne planté sur cette place ?
Au delà de ce porche s’étendait, au XVIIe siècle, une autre maison de notables, celle de la famille Combescure, qui occupait cette fois tout le coin nord-ouest du centre ancien. Cette famille a noué des alliances avec d’autre familles de notables, les My, les Hilaire, les Gardes, les Dedon et autres. Plusieurs de ses représentants ont été membres du conseil des habitants, consuls ou maire. Comme la plupart des autres notables du XVIIe siècle, ils disparaissent de l’Etat-Civil nissanais avant la Révolution.
Depuis ce plan où nous nous trouvons, nous allons revenir sur nos pas et redescendre la rue du Malbec, repasser devant la rue non passante du four, croiser le débouché de la rue de l’horloge et nous arrêter un instant sur le plan des Arènes (devant le n°36). On se perd en conjectures sur le sens de cette dénomination. Le plus probable est une référence au sable (arena en occitan) qui pouvait être répandu sur la place.
On se trouve là au débouché de l’impasse des pêcheurs.
Observons, sur la façade du n°2 de cette impasse, la Vierge en céramique dans une niche de la première maison de cette rue. Il s’agit d’un exemple rare de ces Vierges en céramique du XVIIIe siècle, produit d’un artisanat local dont on connaît trois exemplaires du même artisan, la Vierge de Nissan, une Vierge à Pézenas, 15 rue Montmorency et la troisième actuellement au musée du Biterrois. L’auteur de ces trois statues est donné par une signature sur celle du musée de Béziers, Arnaud Sirc (1734). Une étude détaillée leur a été consacrée par Jean-Louis Vayssettes en 2003.
Vayssettes, J.-L. (2003) Trois Vierges de faïence : réflexions sur un art biterrois oublié. Etudes Héraultaises, 169-173.